15/02/2008

DEC 2007. TÉMOIGNAGE DE GORKA LUPIANEZ MIS AU SECRET 5 JOURS ET TORTURÉ PAR LA GUARDIA CIVIL, EN EUSKAL HERRIA

Extrait de "INCOMUNICACION. Décembre 2007" Bulletin mensuel contre la torture de TAT.SANTURTZI
Témoignage recueilli par l’avocat de Gorka par téléphone, puis remis à Askatasuna.
*Traduction en français, catalan et photographies par la 'Rédaction Iraulzako bidea'.
Photo1. 1er Avril 2007. 'Korrika' Iruñea, EUSKAL HERRIA / Photo2. 25 Juin 2007. 'TAT. Manifestation face au Parlement Européen' Bruxelles, BELGIQUE.

Gorka Lupianez. Sauvagement torturé par la Guardia Civil espagnole.
«Ils m'ont violé avec un bâton et ils m'ont soumis à 50 séances de sac par jour». Gorka Lupiañez -arrêté le 6 décembre et actuellement détenu à Soto du Real- relate avec constance les cinq jours durant lesquels il est resté isolé entre les mains de la Guardia Civil, dans un récit réalisé auprès de son avocat et remis à Askatasuna. Le jeune a maintenu l'entretien avec son avocat, le 17 décembre. «Ils l’ont obligé à entrer dans une cabine téléphonique déterminée à l’avance, ce pourquoi il est possible que la rencontre aie été enregistrée.», a indiqué l'organisme pro-amnistie.
Le témoignage du Durangarra* (*originaire de Durango, une localité de Biskaia, en Euskal Herria) -qui prévoit de présenter une dénonciation judiciaire- commence au moment où il a été intercepté par la Guardia Civil sur une route proche de Berriz, le 6 décembre aux alentours des 18.00 ou 18.30.
«Tandis que je marchais, deux Patrols m'ont arrêté. Ils m'ont demandé mes papiers d’identité et, après avoir fait des vérifications pendant près d'une heure, tout en fouillant la banane que je portais, ils m'ont arrêté. Ils m'ont jeté au sol et (...) ils m’ont attaché les mains dans le dos. Ils m'ont donné beaucoup de coups de pied. Un disait aux autres qu’ils me lâchent, pour que je fuie et qu’ils puissent faire ‘deux en un’, en faisant référence à Capbreton (...).
Une fois transporté à la caserne de La Salve à Bilbo, ils m'ont mis dans une cellule (...) Ils m'ont donné une raclée. Et surtout, des coups dans les testicules. Ils ont commencé à me poser des questions sur beaucoup de sujets, en voulant des noms. Entre des cris et des coups continuels, l’un d'entre eux a armé le pistolet et il l’a pointé sur ma tête (...) »
Trois heures plus tard, cela continue, ils l’introduisent dans une voiture en direction de Madrid : «(...) Celui à ma gauche criait et il me frappait avec la main ouverte. Celui de droite m'a mis un sac en plastique sur la tête. A tout instant, il le fermait avec les mains et cela me provoquait de l'asphyxie (...) L’un d'eux, qui avait célébré le jour de la Constitution et qui était ivre, me dit que personne ne sait que je suis détenu et qu’il peut tirer sur moi (...)».

Toujours dénudé et cagoulé.
Rien de plus, avant d’arriver à la Direction Générale de la Guardia Civil où «(...) ils m'ont emmené jusqu’à une cellule, m'ont déshabillé puis m'ont mis une cagoule que j'ai portée jusqu'à ce que je sois transporté au Tribunal (...). En un jour et un demi, ils m'ont obligé à réaliser des milliers de flexions. En même temps, ils me frappaient à la tête, avec quelque chose qui pourrait être un annuaire téléphonique et avec une matraque d’une matière proche de la gomme. Avec les coups, je voyais comme des lumières. Ils me mettaient un sac de plastique sur la tête et de la fumée de tabac, à l'intérieur. Puis, ils fermaient le sac jusqu'à ce que cela me provoque de l’asphyxie. Les interrogatoires ont été continuels. Je ne suis quasiment pas resté au cachot, durant tout le temps où j'ai été là-bas. Sauf quelques heures, le dernier jour. (...) Il y a eu des moments durant lesquels j’ai répondu aux questions par des choses incohérentes. Je pense que c’était à cause du manque d'air (...)».
Après ces 36 premières heures, dans lesquelles ils lui ont aussi mis «une couverture doublée sur le corps et ils me donnaient des coups de poing, à travers elle», ils ont commencé à lui appliquer «la baignoire, en plus des choses qu’ils venaient déjà de me faire. Ils m'ont attaché dans un matelas de mousse et ils m'ont mis la tête dans l’eau glacée. Après, ils ont commencé à me faire ce qu'ils appelaient `aguapark'. Ils disaient que les Israélites le leur avaient enseigné. Cela consistait à m'étendre sur un matelas en me maintenant les pieds, les bras et la tête et ils me jetaient de l'eau avec un tuyau d'arrosage, dans la bouche et le nez. Quand je ne pouvais plus le supporter, alors, ils me jetaient un seau d'eau à la figure et cela me provoquait une noyade (...) Tout en étant dénudé, ils m'obligeaient à garder les bras ouverts. D’autres fois, ils me jetaient des seaux d'eau glacés. Comme je tremblais, ils me disaient que c’était `l’ange nerveux'.
Au deuxième jour et un demi, à peu près, entre me faire 'l’aguapark' et 'l’ange nerveux', ils m'ont mis à quatre pattes sur le sol et ils ont essayé de me mettre un bâton, par derrière. Comme ils n'ont pas pu le faire, ils m'ont étendu par terre, sur le dos. Ils m’ont maintenu au sol, ils m’ont levé les jambes et dans cette position ils m'ont mis le bâton.
À un moment, ils m'ont mis attaché dans un matelas, un câble maintenu dans le gros orteil gauche et un autre dans la main droite attaché avec du cellophane. J’entendais le bruit des décharges électriques, mais je ne sentais rien. ».
Il affirme que le médecin légiste l’a visité chaque jour, mais il ne lui a rien raconté sur ce traitement, par peur. «(...) Quand il sortait de la pièce, de nouveau ils me mettaient la cagoule et ils me déshabillaient. Ils me demandaient ce que j’avais dit comme mensonges au médecin, pendant qu’ils me donnaient des coups (...) Comme je ne voulais pas manger, à une occasion ils m'ont mis une espèces de pâte épaisse, de force, dans la bouche. Ils ont jeté du Cacao Cola au sol et ils m'ont obligé à le sucer. Ils ont tiré de nombreuses fois sur mes zones de pilosité. Autant de la tête que du pubis. Ils m'ont arraché beaucoup de cheveux, du côté gauche de la tête (...)».

Tirant le pénis jusqu'à ce qu'il saigne.
Il explique qu'il a fait trois déclarations policières qu’elles «étaient préparées (...) Quand j'ai terminé la troisième, ils m'ont ramené au cachot et ils m’ont dit qu’ils allaient me laisser me reposer». Cela n’a duré que quelques minutes : « Ils m'ont emmené de nouveau dans une salle où il y avait quelqu'un qui n'avait pas participé aux interrogatoires des jours précédents. Je l'ai remarqué pour sa voix. Il m'a dit que sa fonction était de m'extraire quelque chose que je n’aurais pas dit auparavant. Il a commencé à me donner des gifles dans la figure et cela m'a provoqué beaucoup de plaies à l'intérieur de la bouche. Il m'a attaché les testicules et le pénis avec une corde, et il s'est mis à les étirer. Il me les étirait aussi avec la main. À un moment, j'ai commencé à saigner du pénis (...).
Tout ceci, c’était un peu avant d'aller à l'Audience (...) L'instructeur des pièces juridiques policières m'a dit que je devais dire au juge la même chose que j’avais dit là-bas. Que sinon, j'allais le payer…. Ils m'ont lavé, surtout la tête, et ils m'ont vêtu. Quand je suis arrivé à l'Audience, ils m'ont fait déclarer avec un avocat d’office. J'ai refusé de déclarer devant le juge, et je lui ai raconté les mauvais traitements reçus (...)».